Touchés par la Flak sur Toulon

Le 12 août 1944 l’Escadre de B-26 est stationnée à Villacidro en Sardaigne et nous effectuons notre premier raid sur Saint-Mandrier. Objectif : des batteries allemandes.

Le 14 août 1944, deuxième mission de bombardement sur le même objectif, nous croisons en Méditerranée l'armada des bateaux du débarquement, vous devinez notre joie.

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B-26 français

Le 20 août 1944, nous décollons à 9 h 30, en route de nouveau pour cet objectif très défendu par la DCA allemande : il n'y a pas un cm2 dans le ciel qui n'a un obus et il nous faut entrer dans ce feu de barrage.

Nous sommes touchés au moteur droit, celui-ci est hors d'usage. Nous dégageons à gauche en perdant de l'altitude et nous somme aussi touchés au moteur gauche.

Devant nous une bande de terre dans les vignes, c'est notre salut. L'avion stoppé, nous hésitons à sortir. Le canon gronde, les Allemands ne sont pas très loin. À notre grande surprise nous repérons, sous une tente à l'abri d'un arbre, un officier anglais qui, avec son flegme légendaire, a l'air de nous dire :

- « Mais qu'est-ce que vous foutez-là ? »

Lui, avec un français que nous ne comprenons pas, nous, avec un anglais qu'il ne comprend pas, la discussion est presque impossible.

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La piste de Roquebrune-sur-Argens en 1946

À cette époque, les nouvelles vont vite. Nous voyons arriver un véhicule qui vient nous chercher, venant du village de Roquebrune-sur-Argens, c'est M. Escofier. Le village est au courant qu'un avion français a été abattu et qu'il est tombé chez eux.

Nous sommes reçus comme des libérateurs. L'émotion est grande dans la population comme pour l'équipage. Ce sont les premiers combattants français qui arrivent au village.

Nous foulons cette terre de France que nous avions quittée depuis quelques années. Nous remontons la rue centrale, chacun nous offre à boire, nous embrasse. Nous arrivons devant un monument, nous remettons Marianne sur son socle. Retenti alors une Marseillaise jouée à l'accordéon. Un moment pénible pour nous quand le chef des résistants du village nous conduit dans un grenier où se trouvent des collaborateurs, bien gardés.

Nous sommes hébergés par la famille Escofier, par madame Chauvier, dont le mari est prisonnier de guerre, et puis par la famille Milano, mais tout le village participe.

Nous restons une huitaine de jours. Un beau matin, un avion de notre Escadre se pose à Fréjus et nous voilà à nouveau dans le bain : le lendemain, un autre B-26 nous conduit sur un autre objectif.

Nous n'avons jamais oublié Roquebrune et sa population, très patriote et combien attachante. 

C'est l'histoire du B-26 89 lors du débarquement de Provence.
Nous ne sommes pas des héros, mais tout simplement un équipage qui a eu beaucoup de chance.

Composition de l’équipage :

  • Adjudant Gay Jean (pilote aux commandes),
  • Lieutenant Trontin Paul (pilote CA),
  • Lieutenant Augé Roger (navigateur),
  • Sergent-chef Alain Pierre (radio),
  • Sergent Denis Joanny (mitrailleur de queue),
  • Caporal-chef Bentejac René (mécanicien).
     

Ce texte a été rédigé d’après les souvenirs de Jean GAY et de Joanny DENIS.

Mais cette histoire a une suite : ne pouvant être dépanné sur place, le B-26 89 a du être démonté pour être transporté vers un centre de réparation. Une équipe de mécaniciens venue d’Istres est restée une dizaine de jours à Roquebrune. Tous les jours, des habitants de cette commune (dont, bien sûr des jeunes filles) venaient tenir compagnie aux mécaniciens. Deux d’entre-eux ont fondé une famille à Roquebrune.

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Le B-26 posé à Roquebrune-sur-Argens

Date de dernière mise à jour : 20/04/2020

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