Le bombardement de Trappes
Le 20 juin 2007, sur la place de l'hôtel de ville de Bois-d'Arcy, a eu lieu l'inauguration d'une stèle érigée en hommage aux 14 aviateurs alliés, abattus à bord de deux Lancaster, descendus lors d’un bombardement en juin 1944.
À l'époque, j'avais 18 ans et habitais au hameau de La Chaîne, dans la commune de Plaisir dans les Yvelines.
Je me souviens parfaitement de cette nuit du 2 au 3 juin 1944, où la RAF a bombardé la gare de triage de Trappes transformant celle-ci en un vaste champ de ruines. Il devait y avoir plusieurs vagues car cela a duré des heures.
Un des Lancaster a été touché et coupé en deux. La plus grande partie est tombée sur un transformateur à l'entrée ouest de Bois d'Arcy.
La queue est tombée à proximité du hameau de Sainte-Apolline. Elle était bien à plat, peu endommagée. Étant allé sur place dans la matinée, j'y ai trouvé un soldat allemand gardant le corps du mitrailleur de queue qui avait été extrait de sa tourelle. Je me souviens qu'on lui avait déjà piqué ses bottes de vol mais qu’on lui avait laissé quand même ses magnifiques chaussettes de laine blanches.
Sur le chemin de retour, j'ai trouvé dans les bois un morceau de l'appareil qui m'intriguait tant il y avait de câblages et de moteurs. Avec une remorque de vélo, je suis revenu l'après-midi et ai chargé cette pièce pour la ramener à la maison. Étant d’un naturel bidouilleur, je me suis mis à tout démonter. Une pièce m'intriguait : elle était creuse et avait une série d'alvéoles tout autour de la cavité. Ce n'est que des années plus tard que j'ai compris que j'avais mis la main sur la majeure partie du radar panoramique H2S et que la pièce en question état un magnétron…
Un des membres de l'équipage, blessé, avait pu sauter et avait atterri plus au nord de chez moi. Il avait été recueilli et soigné par un médecin des Clayes (ou de Villepreux ?). Caché dans une famille, je crois qu'il n'a pas été fait prisonnier.
Jean HOUBEN
Le même bombardement vu d’en haut
Le 2 juin 1944 nous recevons l’ordre de bombarder Trappes, même objectif qu’au mois de mars.
Jusque là, toutes nos opérations avaient été exécutées à 20.000 pieds, soit à l’altitude maximum que nous pouvions atteindre. Cette fois-ci nous devions voler à 6.000 pieds à cause d’une couche de nuages prévue 2000 pieds plus haut à la verticale de notre objectif. Cela semblait dangereusement à portée de la Flack et ne nous laissait pas beaucoup d’altitude pour éviter les attaques des chasseurs de nuit.
Lorsque nous sommes arrivés sur la côte française, la pleine lune éclairait la couche de nuages située à 6.000 pieds. Au-dessus, nous projetions une ombre noire énorme sur le nuage, au-dessous c’était comme voler sous un plafond illuminé.
Peu de temps après avoir traversé la côte, nous avons vu, tout près, un avion en flammes qui piquait vers la terre. Aucun tir de la Flack, aucune traçantes des chasseurs de nuit de la Luftwaffe n’étaient visibles mais, avant d’atteindre notre cible, nous avons vu quatorze avions exploser dans le ciel.
Je venais juste de larguer mes bombes sur la gare de Trappes quand, devant nous, un avion prit feu et piqua vers le sol. Le pilote nous a renouvelé l’ordre bien surveiller les alentours de l’avion. Je me suis couché sur mon viseur de bombardement le visage contre le dôme de plexiglas, essayant de voir en arrière sous l’avion.
Avro Lancaster
Nous étions au-dessus d’Évreux quand j’ai vu un la lueur d’un tir venant d’en-dessous, probablement d’un chasseur de nuit. Il y eut un choc terrible qui a enfoncé le viseur dans ma poitrine. J’ai cru que j’avais été touché et que j’étais mort, sentiment provoqué par le silence soudain dans mes écouteurs et un grand calme dans l’avion.
Nous avions été atteints par de nombreux obus, qui avaient ouvert un énorme trou sur le coté de l’avion, tout près de mes pieds. L’un des moteurs était en feu, l’électricité et la radio hors service.
Il y avait un trou de huit pieds dans le fuselage. Deux membres d’équipage avaient sauté par cet orifice. Les portes de la soute à bombes étaient ouvertes et la soute était en feu. Il y avait un trou d’une largeur de deux pieds à travers l’aile et le réservoir principal de carburant, ce qui a arrêté un autre moteur.
Le mécanicien ayant sauté, je me suis débattu avec les robinets de carburant pour alimenter les moteurs encore en fonctionnement.
Le radio avait été blessé quand l’avion avait été atteint et était tombé par la trappe avant. On ne l’a jamais revu.
Nous étions au-dessus la Manche, pensant que nous volions cap au nord vers l’Angleterre, quand on s’est rendu compte que le compas était inutilisable. Le pilote a du alors rechercher l’étoile polaire et virer dans sa direction.
Nous perdions de plus en plus d’altitude, freinés par les portes de la soute à bombes, qui étaient ouvertes, ainsi que par les volets de courbure qui s’étaient baissés lorsque le moteur avait pris feu.
Finalement nous avons vu la côte et passé de justesse les falaises aux environs de Bournemouth. Nous nous sommes posés dans une zone sombre qui s’avéra être Hurn, base de la Royal Air Force.
L’avion brûlait toujours et nous n’étions plus que quatre à bord.
Source : Internet - Auteur inconnu
Date de dernière mise à jour : 25/04/2020
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