Scoumoune ou baraka ?
Mission n° 5950 destination Djibouti
Équipage :
- Pilote Adj Vandam
- Copilote Ltt Tiné
- Navigateur Commandant d’Avion Cne Escane
- Radio Decroix
- Mécaniciens Adt Abgral et Sgt Mignot
Le 15 février 1958 dans l'après-midi et par temps brumeux nous décollons du Bourget sur le C-47 n° 462 F-RAKN.
800 gallons, pleine charge de gus avec paquetages. Notre première escale était Alger.
Peu après le décollage, panne moteur, hélice refusant la mise en drapeau, trop bas pour être pris par le radar !
J'ai encore l'image des réservoirs à gaz de Saint-Denis vus grandeur nature devant nous avec un badin moribond et le "piège" qui commence à vibrer, pas content du tout…
Le radar nous rattrape enfin et je pense qu'à ce moment-là l'hélice a consenti à passer en drapeau.
Lignes haute tension, passerons-nous dessus ou en-dessous ?
Enfin QTP, nous embrassons la terre.
Les bidasses, eux, ravis : bravo le « radada » !
Comment le C-47 a pu tenir sur un moulin à pleine charge ? Merci le pilote.
Re-décollage sur un autre avion le n°071 F-RAKI vers Alger.
Alger QGO ? Alors QTN Blida.
Les jours suivants : Tamanrasset - Zinder - Abéché.
Là re-scoumoune : « Interdiction de survol du Soudan anglo-égyptien ». Nous sommes obligés d'attendre dans une baraque en béton surchauffée du 17 au 21.
Il faut donc passer par le sud : Bangui - Stanleyville - Nairobi.
Mémorisant la panne au décollage (800 gallons pour Alger) le calcul carburant fut plus chiadé avec naturellement la réserve de sécurité.
Mais entre Nairobi et Djibouti (nous passions à l'époque un message toutes les 30 minutes) le QRE ou HEA augmentait de 5 minutes toutes les demi-heures…
Le cocher me demande alors de contacter Addis-Abeba pour demander l'autorisation d'atterrir.
Réponse : « Interdiction » ! (Sinon … la taule)
Donc, tant pis, obligés de continuer !
Nous nous posons enfin à Djibouti et lorsque la roulette de nez touche à peine le sol, les deux braves Pratt & Whitney au bout de six heures trente s'arrêtent brutalement dans un ensemble parfait.
Je passe sur le retour, effectué par un trajet plus court avec simplement des petits ennuis moteur dûs aux boues de sable dans les carburateurs.
Mission terminée, finalement : scoumoune ou baraka ?
Didier DECROIX
Date de dernière mise à jour : 11/03/2022
Commentaires
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- 1. Arcimboldo Le 23/04/2022
Didier, votre roulette de queue a du nez …lol !
"Nous nous posons enfin à Djibouti et lorsque la roulette de nez touche à peine le sol"
Belle mission avec ses aléas
Signé un ancien mec-nav sur Grise -
- 2. Gugu Le 29/12/2021
Sil y avait QGO à Alger, alors vous avez QTP à Blida !
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