Parachutage à Tsin-Ho

En Indochine en 1952.

Nous décollons pour un parachutage en Haute Région, sur le poste le plus haut placé en Indochine qui s'appelle Tsin-Ho et qui est situé à 3.140 m d'altitude. C'était au profit d'un GCMA, un Groupe Commando Mixte Aéroporté : des gars qu'on parachutait en pleine zone Viet Minh et qui, avec des partisans, étaient chargés de faire du renseignement et du sabotage. Et ils étaient ravitaillés, bien sûr, par avion

Nous décollons, le temps est moyen, nous arrivons sur le poste et nous parachutons. C'est une DZ qui est extrêmement dangereuse ; le code du jour nous a été passé correctement. La voix qui nous appelle du poste est une voix vietnamienne, mais cela ne nous inquiète pas puisque, dans ces GCMA, il y avait de nombreux Thaïs, de nombreux Moïs, supplétifs, qui occupaient ces postes en Haute Région. Le panneautage est correct. Donc nous n'avons aucune raison de nous méfier. Et nous faisons notre parachutage, environ une dizaine de passages.

Il y avait une tradition en Indochine : quand on faisait un parachutage sur un poste isolé, nous avions l'habitude d'annoncer :

- « Dernier parachutage ».

Et on faisait un dernier passage.

On rentrait les volets et on faisait un passage en vitesse sur le poste, un passage d'adieu. Nous faisons comme d'habitude, nous annonçons :

- « Dernier passage ».

Nous larguons nos colis et nous prenons une bonne rafale de 12,7 qui nous fait pas mal de trous dans la queue de l'avion, mais heureusement personne n'est touché.

Plutôt surpris, nous rentrons à Hanoï et nous apprîmes par la suite que le poste avait été enlevé par les Viêts. Ces Viêts avaient récupéré les codes du jour et c'était avec plaisir qu'ils nous avaient appelés, et nous avions largué sur les Viêts.

Heureusement, ce jour-là il n'y avait que du courrier et des vivres, pas de munitions, seulement des vivres et du courrier.

Et voilà comment on a failli se faire descendre sans se douter de rien car les salopards nous avaient passé le mot code du jour parfaitement exact, le panneautage était réglementaire et l'on ne se méfiait pas.

Et la raison pour laquelle ils nous ont relativement ratés, c'est que nous faisions les passages à environ 160 km/h pour larguer, et le passage d'adieu on l'a fait à plein moteur, 360 km/h. Ce qui fait qu'ils ont mal estimé la correction et que la rafale de 12,7 n'atteignit que la queue en évitant les organes vitaux.

On a eu de la chance parce qu'on aurait pu se faire descendre, mais enfin, ça a passé près du bonnet une fois de plus.


Jean ADIAS

Date de dernière mise à jour : 10/04/2020

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