Mission PIRATAIR
Mission PIRATAIR
Un vol A-310 est programmé le 9 février 2007 à destination de Chalons-Vatry.
But de la mission : tester l’accueil d’un avion de ligne détourné sur le territoire national.
Le scénario est le suivant : l’Airbus a décollé de Bamako pour Paris-CDG avec 100 passagers. Lors du vol, une passagère a essayé de faire exploser des explosifs qu’elle a ingérés. Bien que maîtrisée par passagers et équipage, l’avion doit se dérouter vers un terrain où des équipes de la gendarmerie l’attendent. On suspecte à bord la présence d’autres terroristes. Une centaine d’élèves gendarmes et leur encadrement jouent les passagers.
Airbus A-310 (DR)
Le but de l’exercice PIRATAIR est bien entendu de tester les moyens au sol mais le CDAOA en profite également pour nous intercepter et fait décoller la PO (patrouille opérationnelle). Le Mirage-2000, "RUPIN W", nous accompagne jusqu’à l’atterrissage.
Une fois posés, le contrôleur de Chalons nous fait dégager en bout de piste et nous demande de stationner sur le taxiway. Ainsi nous ne gênons pas le fonctionnement du terrain qui reste ouvert pendant l’exercice mais cela permet aussi de ne pas endommager les installations si… une bombe explose…
Nous coupons les moteurs et passons sur une fréquence exercice, début du jeu !
- « Exercice, exercice, exercice. Une passagère portant des explosifs a tenté de faire exploser l’avion. Les passagers l’ont maîtrisée et attachée sur son siège ».
Rapidement, l’avion est entouré par des gendarmes en armes. Un dialogue s’instaure entre le gendarme qui dirige les hommes au sol et le cockpit. Les premières questions arrivent :
- « Quel est le nom de la terroriste, son âge, sa nationalité, son état, ses revendications ? »
Nous comprenons que les gendarmes prennent toutes les précautions pour préparer l’accueil des passagers et ne ferons débarquer ceux-ci que lorsqu’ils seront prêts.
Pendant ce temps, le CCP va collecter les informations demandées. C’est lui qui a le rôle le plus compliqué : il doit gérer ses PNC, une centaine de passagers de moins en moins disciplinés (tous veulent descendre de l’appareil pour ne pas « sauter »), et faire les allers-retours pour répondre aux questions que les gendarmes nous posent.
Pour ne rien arranger dans notre communication, nous nous sommes enfermés au poste de pilotage après qu’un passager (un peu trop curieux ou un terroriste) ait tenté de rentrer dans le poste de pilotage. Et comme les gendarmes ne cessent de nous demander des informations complémentaires, nous imaginons notre pauvre CCP qui court dans l’avion…
En plus de nos deux "terroristes" attachés, nous avons maintenant une femme enceinte évanouie et une autre personne qui aura besoin de sa dialyse dans quelques heures.
Nous sentons les gendarmes de plus en plus suspicieux… mais quand vont-ils faire descendre nos passagers ?
Nous sommes posés depuis plus de 2 h lorsque les démineurs montent enfin à bord : huit hommes équipés de gilets pare-balles qui se tiennent groupés en se tenant par l’épaule. Pendant qu’ils se dirigent vers les terroristes pour neutraliser définitivement les détonateurs, des pompiers évacuent la femme enceinte sur une civière. Il ne s’agit là que du début du débarquement des passagers.
Exercice d'ntervention du GIGN dans un avion (DR)
Nous permettons au commandant des gendarmes de s’adresser directement aux passagers pour leur expliquer la situation et pour les calmer un peu : ils ne pourrons descendre que par petits groupes, seront fouillés au pied de l’avion avant d’être accompagnés à l’aérogare. Un chien détecteur d’explosifs passera au milieu de leurs bagages. Pour notre part, nous ne pourrons partir qu’après le passage des démineurs.
3 h 30 après l’atterrissage, nous repartons pour CDG et nous confions l’avion à deux autres pilotes. La cabine reste à bord pour poursuivre avec une autre mission : Brest-Hyères, leur journée était loin d’être finie !
Barbara BRUNET-GAIGNARD
Date de dernière mise à jour : 10/04/2020
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