Il m’attrapa par le col et m’obligea à me lever pour sauter dans le vide …

Après les exercices au sol, j'ai pu décoller et voler, en double commandes, attentif aux indications données par mon moniteur qui se mettait rapidement en colère si il n'était pas compris du premier coup. Il était bien plus âgé que nous et avait le grade de lieutenant, mais il n'en faisait pas état et nous traitait en camarades lorsque le soir nous l'invitions à notre cantine.

Le Tiger Moth sur lequel j’étais eut une panne de moteur. Il se passa un certain temps avant que je me rende compte du danger que nous courions, le moniteur qui s’afférait sur les commandes, m’ordonna de sauter. Nous avions un parachute mais jamais je n’avais fait de saut en parachute. Il m’attrapa par le col et m’obligea à ma lever pour sauter. L’avion tombait heureusement doucement. Affolé je me suis lancé dans le vide et c’est par réflexe que je manœuvrais les commandes du parachute tel qu’on nous l’avait enseigné. Plus tard, je ne me souvenais pas comment j’avais opéré. Je vis mon moniteur qui planait près de moi.

Je suis arrivé au sol maladroitement, par manque d’expérience je boulais sur le terrain, me luxant un bras et surtout les cervicales. Je perdis connaissance et me réveillais à l’hôpital avec une minerve qui m’enserrait le cou.

Sur le moment, je craignais qu'à cause de la chute que j'avais faite et la perte d'un avion, je sois écarté des cours. Après avoir été longuement questionné sur les moments vécus de l'accident, et grâce au certificat positif de l'hôpital sur mes facultés physiques, j'ai été autorisé à reprendre les cours et ce fut sans aucune appréhension que je remontais à bord pour prendre les commandes, surveillé par un nouvel instructeur.

Robert André DEBUT
25ème U.S.A. de Casablanca, transféré à Rabat BA 151, mai 1945

Engagé dans l'aviation