Extinction des deux moteurs en Mirage IV
Nous retournons au terrain après une mission de bombardement sur un champ de tir du sud-ouest. La durée de vol avoisine les deux heures. Il fait un temps magnifique (« un temps de curée » !) et nous entamons la branche retour vers notre terrain, soit environ 700 kilomètres. Ces grandes distances rectilignes sont assez monotones jusqu’au point de descente. Mon jeune pilote est un ancien de la chasse, précisément issu de l’escadre stationnée sur le même terrain que notre escadron de bombardement. La descente puis l’approche lui donnent l’occasion de désenclencher le pilotage automatique et nous concentrons notre attention sur nos manœuvres respectives en vue de l’atterrissage.
Nous sommes en tour de piste, à 1.500 pieds (environ 500 mètres) lorsque C… aperçoit à ses deux heures et à la même altitude un Mirage III de son ancien escadron. Commettant alors l’erreur funeste de se croire encore sur l’une de ses anciennes machines, il met vivement en avant les deux commandes de puissance de nos réacteurs et entame un brusque virage pour « chasser » sa cible… Et c’est alors que les deux réacteurs du Mirage IV, sollicités brutalement, décrochent, et que nous commençons à descendre vers le sol dans un silence plus qu’inquiétant.
S’il est finement profilé, cet avion, avec son aile delta et sa masse, est très loin de ressembler à un planeur ! Je me doute bien que mon pilote tente de rallumer les moteurs mais la question est de savoir s’il pourra les faire repartir à temps…
Très vite, j’envisage l’éjection et me prépare mentalement à actionner l’une des deux poignées qui actionneront mon siège et j’attends le top du pilote…
Je ne dirai combien j’ai été soulagé d’entendre le vrombissement de nos réacteurs qui se rallumaient à cet instant !
Et je ne dirai pas non plus à quelle hauteur par rapport au sol C… est parvenu à les rallumer !!!
Jean PICOT
Date de dernière mise à jour : 14/11/2024
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