Drapeau à droite
Suite à des ennuis de vertèbres, j’avais dû quitter le Vautour pour me refaire une santé au COTAM.
Affecté au "Franche-Comté" j’y avais été reçu par des :
- « Un chasseur, on va se le payer… tu vas en baver… copilote pendant dix ans… » etc.
En fait, tout s’est fort bien passé et ils ont été TRÈS sympas avec moi puisque j’ai pu enchaîner sans perdre de temps STT, SQT, SLL, CDB, LS (1).
L’histoire qui suit s’est passée en mars 1963, donc après les accords d’Évian, sur le trajet In Amguel - Blida, tard en fin d’après-midi. À environ une heure de l’arrivée, alors que la nuit tombe, claquement moteur, embardée de l’avion, affolement des aiguilles… Je demande « Drapeau à droite » et le mécanicien stoppe le moteur. Ne voulant pas effectuer encore plus d’une heure de vol sur un seul moteur pour atteindre Blida, avec la barrière invisible de l’Atlas à passer de nuit, je décide de me poser à Paul Cazelles, base qui était toute proche mais qui avait été évacuée.
Arrivée verticale, je distingue à peu près la piste dans la pénombre et me pose sans encombre. Alors que l’appareil roule encore à bonne allure, je vois dans la lueur des phares une discontinuité dans la piste. Peu après, nous descendons une marche d’environ 15 cm, les grilles recouvrant cette portion de piste ayant été démontées.
Le terrain de Paul Cazelles à l’époque.
Les parties en xxxx sont les emplacements des grilles démontées.
Une voiture arrive et le maire FLN de Paul Cazelles (2) nous dit :
- « Venez avec moi, je vous emmène à la maison, ma femme va vous faire à manger »
(décidément, les temps avaient changé !)
Ne voulant pas abandonner l’avion, j’envoie mon équipage se restaurer chez le maire et prends le premier tour de garde. Allongé dans l’herbe, contemplant le ciel étoilé, je vais m’endormir quand des bruits de moteurs attirent mon attention : arrivant de plusieurs directions, des véhicules feux éteints, avancent, s’arrêtent, repartent.
Me demandant quel coup fourré se prépare, je m’éloigne à quelque distance pour observer ce qui va se passer. Fausse alerte : des blindés légers, venus pour assurer la garde de l’avion, ont profité de l’occasion pour effectuer un exercice.
Plus tard, on nous emmène à Boghar dans des jeeps découvertes, par une température qui doit avoisiner le zéro. Nous sommes accueillis par le colonel commandant la garnison française, qui nous emmène au mess où un repas nous est servi (il est 2 heures du matin !). Déjà repu, mon équipage ne semble pas désireux de participer à de nouvelles agapes.
À voix basse, il me faut insister :
- « Faim ou pas faim, il faut manger ! ».
(je ne voulais pas vexer le cuisinier qui avait préparé ce repas et qui était venu discuter avec nous)
Le lendemain, un Nord du groupe "Sahara" nous a rapatriés sur Blida.
Jean HOUBEN
(1) STT : Stage de Transformation Transport (= Transfo N2501).
SQT : Stage Qualification Transport (à Toulouse).
SLL : Stage Largage Lourd (à Pau).
CDB : qualification Cdt de bord. LS : Leader de Section.
(2) Paul Cazelles a repris depuis son ancien nom d’Aïn-Oussera. C’est maintenant une ville de 80.000 habitants, qui abrite le centre de recherches nucléaires algérien. Il y a deux pistes de 3.0000 m et des Mig y sont stationnés.
Le terrain d’Aïn-Oussera aujourd’hui (Google Earth)
Date de dernière mise à jour : 28/03/2020
Commentaires
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- 1. Ramdane Bouchareb Le 04/05/2022
J'aimerais bien vous informer que suis à la recherche des photos, images, magazines et documents concernants l'histoire de ma ville, Aïn-Oussera (ex Paul Cazelles) et de ses environs en Algérie. Dans l'attente d'une suite favorable, veuillez accepter mes salutations…
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