Rencontre fortuite de la PAF et d'une Caravelle
15 juillet 1975
Durant l’après-midi, je fais un vol charter pour transporter un groupe de touristes vers Al-Hoceima, sur la côte méditerranéenne marocaine.
SE-210 "Caravelle"
Nous avons commencé la descente et le temps s’est brusquement gâté, terrain couvert avec des stratus, avec nécessité d’une approche ILS pour se poser avec 300 pieds de plafond en perçant une couche de 6.000 pieds.
Je suis en contact avec l’approche d’Al-Hoceima, dépourvue de radar, quand j’entends sur les ondes un message insolite :
- « Athos 8 de Athos 9, on prend par la gauche ou par la droite ? »
Tiens donc ! La PAF est par ici ? J’interviens :
- « Les Athos bonjour. Ici Air France 1.380 en Caravelle, j’ai été Athos Leader en 1966 et je suis en descente vers Al Hoceima. Avez-vous un problème ? »
- « Oui, on va à Al-Hoceima où la PAF est posée. On est sous la couche en vue de la côte et on ne sait pas trop s’il faut tourner vers la gauche ou à droite pour trouver le terrain »
- « Si vous voulez, on peut se retrouver au-dessus de la couche. J’arrive verticale terrain à 6.000 pieds et en ciel clair. Vous passez au-dessus de la couche et mettez un coup de fumée, on rassemble et je peux vous faire l’ILS et vous me suivez en patrouille »
- « Pas possible. On est trop court pétrole »
Situation scabreuse pour mes amis, mais qui se termine bien. Au sol, le Leader de la PAF leur signale sur la radio :
- « On entend les réacteurs, mais on ne vous voit pas. Allumez les phares et mettez les fumées couleur »
Un instant plus tard, c’est l’allégresse :
- « Vous êtes verticale ».
Pour passer en finale, les deux pilotes font une évolution acrobatique tout à fait dans le style de la PAF et se posent.
Je me pose derrière après un ILS et nous nous retrouvons tous sur le parking, heureux de cette rencontre inopinée et de cette fin de vol réussie dans une brume imprévue.
La PAF va faire un meeting à Casablanca et ils s’étaient posés à Saint Javier (École de l’Air espagnole) pour refueler, mais deux d’entre eux, les Lieutenants Marchi et Lemaître, avaient eu un problème technique et s’étaient trouvés retardés. Il reste une cinquantaine de litres de pétrole dans leurs avions, c’est-à-dire 5 minutes de vol. Ouf !
Cne Job Gal Job
Le Leader était le Cne Job, qui est devenu en fin de carrière le Chef d’État-Major de l’Armée de l’air et qui me confia bien des années plus tard que s’il avait perdu deux avions à Al-Hoceima, il n’aurait probablement jamais accédé à ce poste !
Christian ROGER
Extrait de “Piloter ses rêves” (Éd : Bookelis - 2015)
Date de dernière mise à jour : 30/03/2020
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