Alerte
Un dimanche d’un mois de mai, le temps était superbe et la finale du championnat de France de rugby était programmée à la télévision.
Comme plusieurs des pilotes de l’escadron, j’habitais au bord de l’étang de Berre. Avec un autre acolyte, nous avions décidé de nous rendre en planche à voile chez un troisième pour regarder le match ensemble.
À la fin de la partie, un bon mistral s’était établi sur l’étang. Nous décidons tous trois d’aller nous adonner à notre sport aquatique favori.
Après environ une demi-heure, un Fouga nous survole. Tiens ! C’est étonnant, parce qu’il est bien rare qu’un avion militaire vole un dimanche…
L’avion restant d’abord assez haut, nous nous disons que c’est peut-être un des hauts gradés de Salon-de-Provence qui a eu une autorisation spéciale…
Mais l’avion insiste lourdement en faisant plusieurs passes, de plus en plus bas, visitant les nombreux véliplanchistes présents sur l’eau. Mais que fait-il ? Nous commençons à nous poser des questions. Surtout qu’au bout d’un moment, il semble que l’avion nous vise particulièrement…
J’arrive à lire le numéro de l’avion.
C’est un des deux Fouga que nous utilisons régulièrement à l’escadron, et lors d’un des passages, je constate que le pilote a enlevé son casque.
Étonnement et énorme rire : je reconnais clairement Nanard qui me fait de grands signes dans le cockpit ! Je me dis en moi-même « Il est gonflé, le père Nanard, prendre un Fouga un dimanche et s’amuser sur l’étang ! Il va se faire remonter les bretelles… ».
Nous ne comprenons pas plus mais, par acquis de conscience, nous rentrons au bord pour téléphoner à l’escadron, sans trop y croire...
Nous tombons sur Fifi qui nous apprend qu’un exercice de ramassage a été déclenché et qu’il faut rejoindre l'escadron de toute urgence !
Comprenant dès lors le manège du messager, nous fonçons tous trois à l’escadron dans la voiture de notre hôte.
Mais le plus comique, c’est que nous sommes deux en combinaison de windsurf !
Heureusement, notre chauffeur réussit à persuader le planton au poste de filtrage de nous laisser rentrer.
Notre arrivée à l’escadron est très remarquée et moquée à souhait…
Quelques heures plus tard, nous apprendrons qu’il s’agissait en fait d’un exercice national de messagerie fictive dont le texte avait été, par erreur, interprété comme réel… Néanmoins, plus de 200 personnes avaient déjà rejoint l’escadron.
Notre chef renvoya chacun chez lui au plus tôt et nous offrit le vendredi suivant en récupération.
Le bar de l'escadron y gagna quelques dizaines de francs en bières et autres breuvages...
Christian SEYSSET
Date de dernière mise à jour : 11/03/2022
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