Le thé à la menthe

La 2ème guerre mondiale vient de se terminer. Finies les missions de bombardement dans l'enfer de la Flak et la menace des Messerschmitt 109 et autres Focke-Wulf 190 toujours coriaces.

B 26 b
Martin B-26 "Marauder"

Par contre avec nos Marauder nous sommes utilisés pour faire le rapatriement des prisonniers nord-africains qui, depuis 1940, étaient dans les stalags en Allemagne. On comprend comment ces pauvres bougres, après quatre ans et demi de captivité, aspiraient à retrouver leur pays natal.

Pour ce faire, le B-26 Marauder n'était pas un avion de ligne. On a bricolé la soute à bombes : on y a ajouté des banquettes et on transporte les passagers dans des conditions précaires.

Nous ramenons donc des prisonniers d'Allemagne. Nous avons fait une escale technique à Istres et nous voici en croisière à 3.000 m sur la Méditerranée. Il fait très beau, les 4.000 chevaux des moteurs tournent comme des horloges, 220 mph au badin. La vie est belle.

Soudaine, une odeur de brûlé nous alerte. Dieu sait si les navigants ont horreur de cette odeur. Un regard sur le tableau de bord : tout est normal.

Le mécano me dit :

- « Y a pas d'erreur, c'est dans le fuselage, je vais voir la soute à bombes ».

J'entends un hurlement bordé d'invectives et je vois le mécano revenir, se saisir d'un extincteur et foncer de nouveau vers la soute.

Soute b 26I
Intérieur de la soute à bombes du B-26 "Marauder"

Il revient au bout d'un moment, plus calme et nous dit :

- « Ces cons-là, ils avaient installé un brasero dans la soute à bombes et ils faisaient chauffer du thé à la menthe... »

Nous l'avons échappé belle, car à l'intérieur de la soute passaient de nombreux circuits d'essence et d'hydraulique hautement inflammables. Nous avons eu de la chance de ne pas être transformés en boule de feu et nul n'aurait jamais pu savoir de qui était arrivé.


Jean ADIAS

Date de dernière mise à jour : 19/04/2020

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