Le groupe Bretagne en Afrique
Le groupe "Bretagne" (reconnaissance et bombardement) mérite une place à part dans les Forces aériennes françaises libres. Ce groupe fut toujours sous commandement français. Il acquit son originalité, son esprit d'équipe si particulier, au cours des campagnes d'Afrique : Koufra, Fezzan, Fezzan-Tripolitaine où il fit ses premières armes sous les ordres du général Leclerc. Par la suite, à partir de 1943, devenu un groupe de bombardement moyen, il fut intégré dans l'aviation d'Afrique du Nord, sans perdre pour cela ses traditions et ses caractères originaux ; il participa alors aux campagnes d'Italie, de France, d'Allemagne.
C'est le détachement permanent des Forces aériennes du Tchad qui est à l'origine du "Bretagne". Ce détachement créé avant la guerre était basé à Fort-Lamy. Son rôle était d'effectuer la liaison entre les postes du Tchad et d'assurer la couverture de la frontière franco-italienne. Son effectif était de quatre Potez 25 et de trois Potez 29 Limousine. Dès le ralliement de l'Afrique équatoriale française au général de Gaulle, le détachement permanent des Forces aériennes du Tchad se joint aux Forces Aériennes Françaises Libres. Il est renforcé en octobre 1940 par des Lysander venus d'Angleterre avec le groupe du colonel de Marmier. Dès décembre 1940, il prend part à la campagne de Koufra aux côtés du G.R.B.1 (1). Il effectue alors des missions de liaison, d'évacuation ou de ravitaillement. Ces missions exécutées avec des monomoteurs usagés ne sont pas de tout repos du fait des territoires désertiques à survoler et des conditions météorologiques défavorables, particulièrement le vent de sable.
Déjà les procédés d'emploi sont originaux : pour des raisons de sécurité, toutes les missions se font avec deux avions : un Lysander et un Potez 29. Pour les missions à grande distance, le Potez 29 emporte un fût d'essence pour pouvoir ravitailler en cours de route le Lysander dont le rayon d'action est moindre. Lorsque le terrain est estimé favorable, les deux avions se posent en plein désert ; on fait les pleins et on repart. Ce procédé de ravitaillement peu orthodoxe réussit. Après la prise de Koufra, l'unité revient à Fort-Lamy, tout en laissant à Koufra une section de trois Lysander. Dès lors, pendant un an, le groupe sera dans une période de calme et il en profitera pour entraîner ses équipages, constituer des dépôts d'essence et de bombes répartis, à la frontière.
Le 1er janvier 1942, le détachement permanent des Forces aériennes du Tchad prend le nom de groupe "Bretagne". Il comprend deux escadrilles :
- la première escadrille "Rennes" avec six Lysander ;
- la deuxième escadrille "Nantes" avec trois Glenn Martin 167 "Maryland".
En outre, il y a une section de liaison composée d'un Potez 540 et deux Potez 29 Limousine. Dans le courant de janvier, Fort-Lamy est bombardé par un avion allemand venu du Fezzan : une partie du stock d'essence est incendiée ; c'est un coup très dur car l'essence débarquée à Douala est amenée à Fort-Lamy, situé à plus de 1.200 kilomètres, par des camions sur des pistes très mauvaises et qui ne sont en outre praticables qu'une partie de l'année, c'est-à-dire que l'essence stockée à Fort-Lamy constitue un capital particulièrement précieux. Heureusement, aucun avion n'a été endommagé par le bombardement.
Pour diminuer les risques, le groupe est dispersé : à Fort-Lamy, restent le commandement du groupe et la section de liaison. L'escadrille "Rennes" part pour Moussoro à 250 kilomètres au Nord-Est ; l'escadrille "Nantes" pour Fort-Archambault à 600 kilomètres au Sud-Est.
Au début de février 1942, le groupe au complet, fait mouvement sur Zouar, puis Wour pour prendre part à la première campagne du Fezzan. Le but de cette campagne n'est pas d'occuper d'une façon définitive le Fezzan, mais de faire une série de coups de mains sur les postes italiens. Ces coups de mains effectués par de fortes patrouilles seront appuyés par l'aviation du "Bretagne" ; les Glenn effectueront des reconnaissances lointaines et des bombardements ; les Lysander travailleront au profit immédiat de l'infanterie. Parmi les missions les plus typiques, on peut citer une de celles effectuées par le lieutenant Finance.
Finance, commandant de l'escadrille "Rennes", avait reçu l'ordre d'aller mitrailler avec un Lysander des Savoia stationnés à Um-el-Aranez. Le mitraillage terminé, il est pris en chasse par un Fiat CR-42. Le Lysander semble voué à une perte certaine ; en effet, le CR-42 plus rapide et plus maniable lui envoie une série de rafales. Le mitrailleur est blessé et l'avion dégage une fumée épaisse. Pensant qu'il a le feu à bord, Finance se pose droit devant lui. Le CR-42 croit l'avoir descendu, tourne autour de lui, puis s'en va annoncer sa victoire. Un camion italien (on l'a su par la suite) part aussitôt d'Um-el-Araneb pour ramener les prisonniers. Pendant ce temps, Finance qui avait débarqué son mitrailleur blessé et à demi évanoui, se rend compte que son avion ne brûle pas, mais qu'une balle a simplement mis le feu à un pot fumigène. Dès que le CR-42 n'est plus en vue, Finance hisse son mitrailleur dans la carlingue. Il met son moteur en route et regagne le terrain de base.
Une autre mission caractéristique est celle du bombardement de Mourzouk par trois Glenn. Malgré les conditions atmosphériques défavorables, les avions partent quand même pour faire la mission. Le premier avion ne trouve pas l'objectif et rentre. Le deuxième (lieutenant Court) bombarde Mourzouk, mais, au retour, pris dans le vent de sable, il ne peut retrouver Wour et se pose train rentré. Le troisième équipage (lieutenant Mahé) ne retrouvant pas non plus le terrain, décide de se poser alors, train sorti, sur une bande de sable jugée favorable et d'attendre de meilleures conditions atmosphériques.
Le temps est si mauvais que pendant deux jours, les recherches n'aboutissent pas. Enfin, les conditions atmosphériques s'améliorant, Mahé redécolle, mais il n'a pas suffisamment d'essence pour atteindre le terrain ; il décide donc de s'en rapprocher au maximum. Tout à coup, il aperçoit l'avion de Court posé dans le sable. Il tourne autour, voit l'équipage de Court lui faire des signes et, le terrain lui paraissant mauvais, se pose à une dizaine de kilomètres sur un terrain favorable. Mahé part à pied retrouver Court. Quant il arrive, il ne trouve plus personne, sauf l'avion. Court, en effet, et son équipage ont été emmenés, entre temps, par un Potez 540, qui les a retrouvés. Ils ont bien vu Mahé les survoler, mais ignorent évidemment qu'il s'est posé à quelques kilomètres de là. Mahé constate qu'il y a à côté de l'avion de Court un fût de 100 litres d'essence que le Potez 540 a dû abandonner pour s'alléger. Il balise alors un terrain de fortune, retourne à son appareil et vient se poser sur cette piste.
Avec son équipage il transvase le carburant dans son appareil et redécolle pour essayer de regagner sa base ; mais il n'a pas suffisamment d'essence et est contraint de se poser à 15 kilomètres de Wour qu'il regagne à pied avec son équipage. Il a mis trois jours et fait quatre atterrissages en campagne, en territoire italien pour accomplir sa mission. L'avion de Court sera récupéré par la suite. Dans les campagnes d'Afrique, comme on a pu s'en rendre compte, l'ennemi le plus dangereux, c'est le pays et surtout les conditions atmosphériques, le vent de sable en particulier. Le "Bretagne" perdra plus d'équipages de ce fait que de celui de l'ennemi.
Cette campagne terminée, le groupe regagne son stationnement à Fort-Lamy, Moussoro, Fort-Archambault. Le temps est mis à profit pour préparer campagne suivante, en se servant de l'expérience acquise, car le général Leclerc a décidé la conquête définitive du Fezzan en liaison avec la VIIIème armée, dès que les circonstances seraient favorables.
On continue à acheminer vers le Nord des munitions et de l'essence ; des reconnaissances lointaines sont effectuées, environ une fois par mois sur les postes italiens. En novembre 1942, le groupe reçoit l'ordre de faire mouvement sur Zouar. Pendant cette campagne, les principales difficultés seront d'ordre matériel. Pour en donner une idée, de Fort-Lamy, base de stationnement du groupe, à Zouar, dernier poste français avant la frontière et base de départ des opérations, il y a en ligne droite 1.100 kilomètres. Les convois autos sont obligés d'en faire 1.800 sur des pistes non jalonnées et mettent trois semaines ou un mois pour accomplir ce trajet. En dehors du ravitaillement en nourriture, munitions, essence, il faut que le groupe ait une section de réparations assez importante, car il n'existe pas d'unité de parc. Enfin, le problème est compliqué encore du fait de la diversité des appareils. Le groupe avait alors été renforcé et il comprenait :
- L'escadrille "Rennes" : huit Lysander ;
- L'escadrille "Nantes" : une section de trois Glenn et une section de cinq Blenheim ;
- La section de liaison et d'évacuation : deux Potez 540, deux Harward, un Lockeed Lodestar ;
Soit pour le groupe six types d'avions différents.
Il avait été envisagé à un moment donné d'adjoindre au groupe une escadrille de chasse mais, par suite de difficultés techniques, ce projet avait été abandonné. Dès la fin de novembre, les colonnes du général Leclerc partent à la conquête du Fezzan. Elles parviendront jusqu'à la Méditerranée, opérant leur jonction avec la VIIIème armée à Tripoli, ayant parcouru, en combattant, 2.000 kilomètres dans le désert. Cette opération du général Leclerc ne recevra que le seul appui aérien du "Bretagne". En dehors des missions de liaison, évacuation, ravitaillement, le groupe a trois espèces de missions à assurer :
- Des missions de coopération au profit direct des colonnes d'infanterie, reconnaissances rapprochées, des Lysander ;
- Des missions de reconnaissances lointaines effectuées par les Glenn et éventuellement missions de mitraillage ;
- Des missions de bombardements effectuées par les Blenheim.
Jusqu'à la prise de Sebba, le terrain principal du groupe est Zouar, mais un terrain auxiliaire de relais est aménagé à Uigh-el-Kébir, au nord du Tibesti.
Quelques missions de cette campagne du Fezza-Tripolitaine méritent d'être citées : au cours d'une mission de mitraillage sur Gatroun, un Glenn est durement touché par la DCA ; le pilote, l'adjudant Weill, est grièvement blessé (il devait mourir le lendemain). Avant de perdre connaissance, il a le temps de prévenir son observateur qui branche la double commande et ramène l'avion au terrain. Cet exploit est d'autant plus remarquable, qu'au moment de la blessure de Weil, le Glenn était en rase-mottes ; de plus, les moteurs avaient été touchés, enfin les indicateurs du tableau de bord ne fonctionnaient plus. Néanmoins, l'observateur parvient à vomir son avion en bordure de Uigh-el-Kébir, sans autre accident.
Le bombardement de Sebba par trois Blenheim fut une mission très réussie. Un coup direct fut obtenu sur un avion italien en cours de chargement. Le hangar d'aviation fut complètement incendié et détruit, plusieurs avions furent endommagés, ainsi d'ailleurs que certaines installations du poste. Ce bombardement resta célèbre dans les annales du groupe. Longtemps sur la route du retour, les pilotes pouvaient voir dans le ciel la fumée de l'incendie qu'ils avaient allumé .
Enfin, au cours de cette campagne, fut accomplie une mission certainement unique en son genre. C'est celle du capitaine Mahé, relatée d'autre part dans l'article "Jean Mahé", par le commandant Court.
À son arrivée en Tunisie, le groupe est mis à la disposition de la RAF, malheureusement, celle-ci ne peut l'utiliser tel qu'il est, avec son matériel hétérogène et usé. "Bretagne" est alors stationné à Ben Gardane où il restera jusqu'en août 1943. Ce temps est mis à profit pour effectuer l'entraînement au P.S.V. et en vol de nuit.
Des négociations sont alors entreprises pour envoyer le groupe en Russie où il opérerait aux côtés du groupe de chasse "Normandie". Les pourparlers semblent aboutir. Au mois d'août 1943, la formation est dirigée sur la Syrie. Basé à Rayack, le "Bretagne" attend l'ordre de départ pour Moscou. L'ordre arrive, mais la destination est changée et le groupe part pour Télergma en Afrique du Nord. Il va s'entraîner sur Marauder et il participera à la libération des pays occupés aux côtés des groupes d'Afrique du Nord.
Dès lors, il suivra le cours normal d'un groupe de bombardement moyen, tout en gardant son originalité propre.
Pierre TASSIN de SAINT-PÉREUSE
Pierre Tassin de Saint-Péreuse est né le 2 juillet 1910 à Moulins dans l'Allier. Son père était officier de cavalerie. Après son Baccalauréat, il s'engage dans la cavalerie en 1930. En 1934 il suit les cours de l'École de Saumur avant de passer dans l'aviation comme lieutenant en 1938.
Affecté au Maroc, Pierre Tassin de Saint-Péreuse entend à Casablanca l'appel du général de Gaulle à la suite de quoi il décide, avec quelques camarades, de poursuivre le combat. Le 30 juin, ils rejoignent Gibraltar à bord de trois Glenn Martin dont un, avec à son bord le capitaine de Vendeuvre, le lieutenant Berger et les sous-lieutenants Jochaud du Plessix et Weill, est abattu par la DCA espagnole.
Pierre Tassin de Saint-Péreuse
L'appareil de Pierre de Saint-Péreuse, dans lequel se trouvent également Pierre Aubertin et Gustave Lager, se pose sans encombre sur le Rocher.
Arrivé en Angleterre le 13 juillet, il s'engage immédiatement dans les Forces aériennes françaises libres et est affecté à l’Escadrille de bombardement Topic, qui quitte l'Angleterre pour Takoradi en Gold Coast en octobre 1940. Cette formation est rattachée aux Forces aériennes équatoriales françaises libres et devient, le 24 décembre 1940, avec l'escadrille "Menace", le Groupe réservé de bombardement n° 1 (GRB1), sous les ordres du commandant Jean Astier de Villatte.
En février 1941 il participe avec le GRB1 aux opérations de Koufra en Libye en soutien des troupes du colonel Leclerc. Victime d'une panne de deux moteurs lors de l'opération, il se pose avec adresse et sang-froid dans le désert libyen, sauvant son équipage.
En septembre 1941, le GRB1 devient, à Damas, le Groupe de bombardement "Lorraine". Le capitaine de Saint-Péreuse en prend la tête pendant un mois, avant de prendre part à la campagne de Libye par des bombardements massifs sur les colonnes motorisées ennemies puis, en janvier 1942, sur Bardia et Halfaya. Il effectue durant la durée de la campagne plus de quarante missions de bombardement.
Fin janvier 1942, le "Lorraine" rejoint la Syrie ; peu après, Pierre de Saint-Péreuse, promu commandant, quitte le Groupe pour prendre, en août 1942, le commandement du Groupe de Bombardement "Bretagne" basé à Moussoro.
En décembre 1942, l'ensemble du Groupe se prépare à une nouvelle campagne et est regroupé à Zouar. Le 26 décembre, il reçoit pour mission de détruire les éléments motorisés italiens susceptibles de menacer la Colonne Leclerc sur ses flancs, de s'opposer à l'aviation ennemie et d'attaquer ses défenses terrestres. Il remplit à cette occasion plus de 25 missions de bombardement.
Fin janvier 1943, après de nombreuses missions, le groupe commandé par Pierre de Saint-Péreuse s'installe à Sebha puis à Ben Gardane dans le Sud tunisien en avril 1943. Là, il commence une série de vols d'entraînement pour le bombardement de nuit avant d'effectuer à nouveau vingt missions de guerre.
Promu lieutenant-colonel le 15 juin 1943, Pierre de Saint-Péreuse laisse, le mois suivant, le commandement du "Bretagne" au lieutenant-colonel Vuillemin pour quelques jours seulement et se rend à Alger pour y recevoir ses ordres concernant l'avenir du Groupe.
Au retour d'Alger le 15 juillet 1943, un accident d'avion coûte la vie à quatre des passagers parmi lesquels le lieutenant pilote Marcel Lebois ; grièvement blessé et amputé d'une jambe, Pierre de Saint-Péreuse est remplacé par le capitaine de Maismont à la tête du "Bretagne".
Après la guerre, il poursuit sa carrière militaire, est promu colonel en mai 1952 et occupe les fonctions de chef du Service Historique de l'Armée de l'Air jusqu'en 1958.
De 1952 à 1960, il exerce également les fonctions de Secrétaire du Conseil de l'Ordre de la Libération.
Adjoint au général Hugo commandant la 2ème Région aérienne, il démissionne de l'Armée le 2 juin 1962 et entre alors au service des Relations publiques de la SNECMA jusqu'en 1973.
Pierre Tassin de Saint-Péreuse est décédé le 29 décembre 1995 à Saint-Péreuse (Nièvre), où il a été inhumé.
• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 26 juin 1941
• Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Médaille Coloniale avec agrafes "Érythrée", "AFL", "Koufra", "Libye", "Fezzan-Tripolitaine"
• Distinguished Flying Cross (GB)
• Croix de Guerre Tchécoslovaque
*****
Jean MAHÉ
Jean Mahé est né le 2 juin 1917 à Nantes en Loire-Atlantique. Aîné d'une famille comprenant quatre garçons, il abandonne l'école à 14 ans pour travailler et aider les siens.
Employé de bureau, il gagne sa vie et parallèlement entreprend des études secondaires. Il passe ainsi ses deux baccalauréats et un certificat de licence de mathématiques.
En septembre 1937 il intègre l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr ; il en sort en 1939, sous-lieutenant dans l'Armée de l'Air.
Affecté à l'école d'application de l'Armée de l'Air à Versailles, il est breveté pilote en février 1940.
En juin 1940, Jean Mahé est replié au Centre d'instruction de Chasse à Cazaux.
Le 24 juin, refusant l'armistice, il décide de rejoindre l'Angleterre et embarque à Port-Vendres sur un transport de troupe polonais. Via Gibraltar, il débarque à Liverpool le 17 juillet 1940 et s'engage immédiatement dans les Forces aériennes françaises libres.
En Grande-Bretagne il retrouve son jeune frère Yves Mahé, pilote lui aussi et rallié à la France Libre, qui recevra également la Croix de la Libération.
Affecté comme pilote à la 3ème Escadrille du Groupe de combat n°1, Jean Mahé part, le 10 septembre 1940, avec le corps expéditionnaire à destination de Dakar à bord du porte-avions Ark Royal. Le 8 octobre, il débarque à Douala au Cameroun et participe avec le Groupe de combat n°1 aux opérations de libération du Gabon du 26 octobre au 11 novembre. Il y effectue six missions sur avion Lysander soit deux bombardements en piqué et quatre observations et appuis d'infanterie.
Le 22 novembre 1940, il est affecté au Détachement permanent des Forces aériennes du Tchad (DPFAT) avec lequel il participe, en appui de la Colonne Leclerc, à la campagne contre Koufra du 30 janvier au 1er mars 1941. Le jour même de la victoire de Koufra, il est nommé commandant du DPFAT, poste qu'il occupe jusqu'au 9 juillet 1941. Entre-temps, Jean Mahé est promu lieutenant, le 1er juin 1941, et se voit chargé de l'entraînement aérien des Forces aériennes du Tchad.
En juillet, le DPFAT est relevé par une escadrille en provenance de Rhodésie et peut se préparer aux prochaines opérations dans le désert libyen. Le 1er janvier 1942, le DPFAT devient le Groupe de bombardement "Bretagne" et c'est sous cette nouvelle appellation que l'unité est engagée, quelques semaines plus tard, dans le Fezzan (Libye). Le lieutenant Mahé - qui a pris une part très importante à la formation de cette nouvelle unité - accomplit une mission de bombardement dans des conditions extrêmement défavorables : ayant atterri, sur le chemin du retour, dans le désert, presque à bout d'essence et perdu, il parvient à ramener son avion et son équipage sans aucune aide extérieure au bout de quatre jours.
Le 1er mars 1942, il est nommé commandant de l'escadrille "Nantes" du "Bretagne" qui est détachée à Fort-Archambault. Il assure avec son unité toutes les reconnaissances effectuées au Fezzan en vue du renseignement et de la préparation de la deuxième campagne du général Leclerc. Il assure personnellement cinq missions sur Glenn Martin dont une attaque à la mitrailleuse d'une colonne de combat italienne.
Promu au grade de capitaine, il participe, du 16 décembre 1942 à la fin janvier 1943, à la deuxième campagne du Fezzan et de Tripolitaine à la tête de son escadrille. Au cours de ces opérations il exécute notamment huit missions de reconnaissance à basse et haute altitude et reçoit une citation à l'ordre de l'Armée aérienne pour avoir, le 9 janvier 1943, obtenu avec son seul équipage, après une attaque à la mitrailleuse, la reddition d'une colonne italienne composée de 110 soldats et de 10 officiers.
Le capitaine Mahé est ensuite chargé de l'instruction au sol du "Bretagne" successivement à Sebah (Fezzan) et à Ben Gardane (Tunisie) jusqu'en août 1943. Il dirige ensuite, jusqu'au 5 novembre 1943, l'entraînement aérien des équipages à Rayack (Liban). Chargé de mission par le commandement de l'Air au Moyen-Orient pour le retour en opération du Groupe, il suit également, avec l'ensemble de son unité, un stage sur B-26 Marauder en décembre 1943 et janvier 1944 au camp américain de Telergma en prévision de nouvelles missions.
En Sardaigne, du 15 mai au 4 octobre 1944, il occupe les fonctions d'officier d'opérations du "Bretagne" et, bien que chargé de l'entraînement aérien, il n'en accomplit pas moins 38 missions de bombardement sur B-26, soit comme pilote chef de formation, soit comme pilote chef de flight, pendant la campagne d'Italie.
En août 1944, changement d'objectifs, le "Bretagne" opère dans le sud de la France pour préparer le débarquement de Provence. Jusqu'au 18 août, il bombarde les batteries côtières de la région. A partir de la fin août, les objectifs visés sont de nouveaux italiens.
En octobre-novembre 1944, le Groupe "Bretagne" stationne à Istres puis à Bron sous les ordres du commandant Ducray que seconde le capitaine Mahé.
A partir du 2 décembre, les B-26 du "Bretagne" prennent pour cible les ponts sur le Rhin. A la fin de l'année 1944, Jean Mahé a déjà accompli 1.570 heures de vol dont 1.430 comme pilote et rempli 67 missions totalisant 276 heures de vol de guerre. Promu commandant, il termine la guerre en Allemagne après avoir effectué au total 91 missions de guerre.
En juillet 1945, Jean Mahé reçoit le commandement du Groupe "Bretagne".
Le 2 décembre 1946, l'avion dans lequel il a pris place comme passager s'écrase à quelques mètres du sommet du Ballon d'Alsace. Décédé à Giromagny, il est inhumé à Guérande en Loire-Atlantique.
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 19 octobre 1944
• Croix de Guerre 39/45 (6 citations)
• Médaille Coloniale avec agrafes "Koufra", "Fezzan", "Tripolitaine"
• Médaille de l'Aéronautique
• Silver Star (USA)
Date de dernière mise à jour : 19/04/2020
Commentaires
-
- 1. Christian Kermoal Le 05/12/2021
Étienne Drouet est décédé en opération. Les circonstances de son décès sont racontées par André Courval (nom de guerre Saillard) dans ses mémoires que j'ai publiées chez Heimdal en 2020.
CK -
- 2. Alain Lamy Le 02/07/2020
Je viens de retrouver dans les archives familiales des documents concernant le sergent-aviateur Bausardo Marcel, né le 8 aout 1921 à Aumale (Algérie) mort à Fort Lamy (Tchad) le 18 janvier 1943 des suites d'une maladie.
Parmi eux :
- une copie de l'ordre du Général Leclerc portant attribution de la Médaille coloniale au sergent Bausardo Marcel, mitrailleur, avec agrafes Koufra et Fezzan, signée pour le Commandant de Saint Pereuse, commandant le Groupe Bretagne,
- un diplôme de la Médaille Militaire, décernée à titre posthume,
- une citation à l'ordre de l’armée aérienne comportant l'attribution de la Croix de Guerre 39-45 avec palme, à titre posthume. La citation fait état de dix missions de guerre en cent heures de vol.
- une carte n° 37 autorisant le Sergent Bausardo à pénétrer sur le terrain d'aviation de Fort Lamy signée par le commandant de la base,
- une carte d'identité n° 1618 à son nom, établie par le Cdt militaire du Tchad, désignant son unité comme : groupe Bretagne, avec au recto en diagonale trois lignes bleu, blanc, rouge et la croix de Lorraine en rouge.
Et pieusement conservées, la médaille militaire et la Croix de guerre avec palme, ainsi que divers insignes dont deux pins de la RAF, et son bracelet d'identité.
Je n'ai par contre aucune information sur le lieu de sa sépulture. -
- 3. Michel Souris Le 13/06/2020
Bonjour, je recherche des infos sur Etienne Drouet mort au Tchad durant la guerre, le 5/11/1942 à Zouar.
Merci de votre aide.
Michel Souris - 17100 Saintes
0683055366
Ajouter un commentaire