Pan sur le bec !

Le 19 août 1964, à Mont-de-Marsan, j’effectue mon 9ème vol sur Mirage IV, et mon 4ème ravitaillement en vol (les deux premiers n’ayant comporté que des contacts secs). Je chevauche le n° 4, nos avions sont flambant neuf, comme les C-135, et les procédures sont encore en phase de mise au point.

J’établis le contact sans problème, le toboggan (ravitaillement en légère descente) débute bien, pas de turbulences, du moins pour le moment…

Après 2 minutes de contact, l’empennage du ravitailleur disparaît violemment vers le haut et, avant que je ne puisse réagir, le tuyau souple se tend à 90° de l’entonnoir, ce qui interdit la déconnexion : ma perche se plie et l’entonnoir rejoint son maître lorsque l’angle le lui permet. Tout s’est passé en une fraction de seconde, ma réduction des gaz, retardée par l’effet de surprise, a peu ou pas joué. Il n’y a heureusement pas d’autres dégâts, tout fonctionne normalement, je n’ai plus qu’à rentrer après avoir averti la salle d’opérations de l’escadre. Il s’avérera que le copilote du C-135 avait agi inconsidérément, et sans aucun doigté, sur la molette du "pitch control" (commande manuelle "à piquer" ou "à cabrer" sur le pilote automatique).

 

Pan sur le bec

Sur la base, ce magnifique avion, auréolé de secret, a toujours un grand succès de curiosité, d’autant plus qu’il ne sort pas très souvent de la ZTO (zone FAS), compte tenu de sa faible disponibilité. L’exemplaire à la pointe arrogante que je ramène au bercail, déchaîne l’admiration et les rires du personnel du PC base devant lequel je passe après avoir dégagé la piste.

Ce ne fut quand même pas sans risque… vu la proximité des deux avions.

                                                                            
Claude MICHEL

Date de dernière mise à jour : 05/04/2020

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