Mécanicien de piste sur C-135F

J’ai commencé ma carrière aéronautique le 06.09.1963 à la BA 722 de Saintes comme arpette de la promo P44, donc deux ans d’école avec apprentissage de la vie militaire et l’instruction.

Puis deux ans plus tard, BA 721 de Rochefort spécialisation mécanicien-avion 51.24 cellule-hydraulique, et affectation à la BA 705 de Tours en décembre 1965 comme mécanicien-dépannage 1er échelon sur T-33.

Le 01.08.1971, je suis muté à la BA 188 de Djibouti sur AD-4N Skyraider.

Le 1.9.1973, retour en France pour trois mois de permission (fin de campagne) et mutation le 01-12 de la même année à l’ERV 04/94 "Sologne" à la BA 702 d’Avord (quel pays… on monte sur une chaise, on voit la totalité du département).

Je me présente à l’escadron durant cette permission pour prendre contact, réception très gentille de surcroit, par le Cne Guemas, officier mécano, et le chef de piste Adc Derbez (dit Pepito).

Je raconte un peu mon passé et vient la connaissance de la langue anglaise… Je suis bon pour un stage d’anglais (3 mois) sur la base de Chambéry, mais auparavant, je dois faire l’ETIS Boeing à Istres.

Le jour de mon retour de l’ETIS, mon chef de piste m’apprend que je dois partir au BS à Rochefort le lundi suivant, donc, direction la BA 722 pour le BS et au retour, 3 mois de stage d’anglais à Chambéry (stage passionnant et je remercie beaucoup l’Armée de l’air pour ce stage qui m’a été extrêmement profitable pour tout le reste de ma carrière).

Enfin, je reviens à l’escadron, et m’intègre dans les équipes de remise en œuvre de cette magnifique machine qu’est le C-135F, sous parrainage dans un premier temps, puis viens le lâcher solo mécano, je fais enfin partie intégrante de cette unité, où j’ai durant mon séjour occupé les postes de mécano de piste, chef d’équipe, chef de piste et adjoint OAT.

Première mission extérieure le 14.12.1974 : on va récupérer des F-100 à Libreville…

La première escale est prévue à N’Djaména avec du fret pour la base, et comme nous allions à N’Djaména, il s’agissait de récupérer des gigots de moutons (très bon marché) pour l’escadron, donc, dans le lot de bord, nous avions emmené la grande caisse bleue du kit boom, et nous l’avions donnée au gérant du mess de N'Djaména le temps de notre repas pour qu’il mette ces fameux gigots. La caisse est rechargée dans l’avion et départ pour Libreville, où on se pose.

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C-135F à l'atterrissage

Comme jeune mécano, à moi les pleins d’huile moteur. Je trouve un escabeau à roulettes derrière le pare-souffle et commence mes vérifications…

D’un seul coup, quelqu’un me crie très fort :

- « Non ! Pas l’escabeau ! »,

Je descends, je me présente, et dit simplement 

- « J’en ai besoin pour mes niveaux d’huile et je le remets à sa place »

et là, le "blanc" qui était en face de moi me dit :

- « Tu peux le prendre, mais, c’est le "noir" qui pousse, toi tu restes dessus… »,

 Donc, je fais mes niveaux d’huile en restant sur l’escabeau…

Pendant ce temps, l’équipage s’aperçoit qu’il n’y a pas de palette pour le fret des F-100, donc, retour Djaména le même jour pour récupérer ces fameuses palettes et nous y passons la nuit (on avait fait 9 h 10 de vol).

Le 15.12 au matin, départ pour Libreville et les mécanos F-100 chargent leur matériel sur les palettes (groupes, caisses à outils, valises…). Entre temps nous avions déchargé notre caisse de gigots, à l’ombre sous l’aile de l’avion bien entendu, et nous chargeons les palettes, le matériel, personnel et bien sûr la caisse de gigots (très importante !).

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Décollage pour Istres avec nos trois F-100 qui viennent s’abreuver de temps en temps, le dernier ravitaillement s’effectuant très près de Istres car les avions partaient sur Toul.

Arrivé à l’escale d’Istres, les douaniers montent à bord, comme d’habitude, le nav donne le manifeste de pacotilles et un douanier nous demande si on n'avait rien d’autre… Non, bien entendu, et là, ce brave pandore nous demande d’ouvrir la caisse bleue du lot de bord… Un grand blanc s’installe et le chef de piste me dit :

- « Ouvre… »

J’ouvre donc la caisse à gigots et à notre grande stupéfaction, elle était vide…

Quand le douanier a vu nos têtes, il se doutait bien de quelque chose, mais cette fois-ci, il n’y avait vraiment plus rien à déclarer, mais son regard moqueur en disait long. Le gérant du mess de N’Djaména n’avait pas eu le temps de nous les préparer, mais personne ne le savait. C’est l’équipage suivant qui en a récupéré d’autres à la mission suivante.

En arrivant à Avord, nous étions un peu la risée de tous !


Christian CHASSAGNE

Date de dernière mise à jour : 06/04/2020

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