Le Nord et son para accroché

Sur la base aérienne de Blida, le 15 octobre 1958, il est arrivé un incident tout à fait exceptionnel.

À bord du Nord 2501 Noratlas n° 35 F-RBKO du GT 2/62 "Anjou", l’équipage est ainsi composé :

- Cne Rochon, NCA,
- Sgc Mallier, pilote,
- Lt Azéma, co-pilote,
- Sgt Harinordoqui, radio,
- Adj Jeanneau, mécano.

Lors d’une mission d’entraînement para, et au cours du largage des parachutistes par l’arrière de l’appareil les coquilles étant enlevées, le parachute de l’un d’eux se met en torche et se prend dans le guignol de la gouverne de profondeur. Le parachutiste tournoie alors, derrière l’avion, tel un pantin.

Coquilles nord
Graphisme "Projet Noratlas"

À bord, le largueur tente, à trois reprises, de le ramener à l’intérieur mais ce faisant, la gouverne en se braquant fait piquer l’avion dangereusement à chaque tentative.

À bord, le pilote fait tout pour décrocher le parachutiste : piqués, virages, rien n’y fait. Le para tente de couper les suspentes à l’aide de son poignard mais hélas, les doigts engourdis par le froid du vent relatif, le poignard lui échappe. Aucune solution ne paraissant satisfaisante, y compris celle d’un hélicoptère venu de Boufarik se placer dans le sillage de l’avion, il est décidé avec l’accord des autorités par radio, d’atterrir sur la piste de Blida.

Le Sgc Mallier aux commandes, fait une large approche, passe les balises de début de piste, se pose à la vitesse mini et dès le touché des roues, met toute la "reverse" et freine à fond, tirant également le frein de parking !

Derrière, en touchant le bitume, le parachute ventral amortit le choc. Le para réussit à se retourner et ensuite, est  traîné sur le dos; c’est l’arrêt en 400 m, gomme arrachée et pneus crevés…

Alors que les véhicules de secours et l’ambulance se ruent vers l’avion, le miracle incroyable se produit : Daniel Minne, puisque tel est le nom de ce parachutiste, se relève et retient ceci de sa mésaventure :  

- « Si seulement je n’avais pas laissé échapper mon poignard ! ».

Transporté à l’hôpital Ducros, le docteur Ripoli le soigne et constate des brûlures au troisième degré tandis que la radio ne révèle aucune fracture.

Le destin qui lui avait souri cette fois-là, l’abandonnera plus tard puisqu’il est décédé en 1978, à 41 ans, suite à une longue maladie…

Sources :
- Journal "l’Ancien d’Algérie" n° 463 de janvier 2008, communiqué par Claude Loustau
- Souvenirs de Jacques Pain, ancien de "l’Anjou" à Blida
- Archives du SHD/département AA,
- Confidences de Mallier (dit "La Malle") que j’ai beaucoup côtoyé au "Maine", dans les années 1963/64 ! C’était un plaisir de voler avec cet excellent pilote qui était, un très bon vivant. Je me souviens de sa transformation en vue de son affectation comme pilote du DC-4 d’un roi ou d’un empereur d’Afrique noire (Bokassa 1er, peut-être ?) chez les marins de la BAN de Dugny et sur le DC-4 de l’Aéronavale (l’ancien F-RAFA du GLAM). Pilote de DC-6 au "Maine", ce fut une formalité. À l’issue de quelques vols, et notamment après le dernier, pour son lâcher, la séance avec ses instructeurs "matafs" s’est terminée au bar du « Maine », …très tard dans la soirée !

Bernard GAUDINEAU


Extrait du "Recueil de l’ADRAR" Tome 2

Date de dernière mise à jour : 02/04/2020

Commentaires

  • Jacques Pain
    • 1. Jacques Pain Le 06/10/2021
    Mon père Jacques Pain mécano-nav, nous avait raconté cette aventure incroyable, quand nous étions à Blida...
    Jacques fils de Jacques Pain

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