Incident chez les Ch'tis

En 1947, la France sortait à peine de la Guerre. L'Armée de l'air se réorganisait, l'Extrême-Orient était en ébullition, l'Indochine sortait de l'occupation Japonaise, très dure.

Le Haut commandement jugeât nécessaire de créer une force aérienne apte à intervenir en Orient. Ainsi fut fondé la 50ème Escadre qui se composait à l'origine de deux groupes aériens :
- le Groupe de Chasse 1/3 "Corse",
- le Groupe 1/20 "Lorraine", reliquat de l'ex-Squadron 342, issu des Forces Aériennes Françaises Libres.

Le stationnement de ces forces étant fixé sur l'aérodrome de Dijon et les deux groupes furent équipés de Mosquito :
- pour la chasse, groupe "Corse" : Mosquito Mk IV,
- pour la reconnaissance, groupe "Lorraine" : Mosquito Mk XIV.

Cette mini Armada fit mouvement vers le terrain de Cambrai-Épinoy pour prise en main du matériel et entraînement.

Mosquito f 6
De Havilland 98 "Mosquito" Mk-VI (C. Le Bihan)

Mosquito mk xiv
De Havilland 98 "Mosquito" Mk-XIV

Le 27 juillet 1947, la feuille d'ordres déterminait un vol sur le Mosquito n° 976 :

- Pilote : Lt Chevallier
- Radio-navigateur : Sgt Chevalier (aucun lien de parenté)
- Mission : vol d'entraînement à la navigation sur l'axe Épinoy-Fribourg
- Décollage 10 h, durée prévue 60 mn
- Météo : tempête de ciel bleu

Briefing et rendez-vous à l'avion, décollage parfait, navigation sans histoire, passage verticale sur la base de Fribourg et cap retour vers Épinoy.

En vue du terrain, notre moteur gauche stoppe (il est de notoriété publique, que le Mosquito planait comme un fer à repasser).

Le pilote avise la tour de contrôle d'Épinoy de cet incident et demande l'autorisation d'une approche directe, autorisation accordée.

Présentation en bout de piste sur un moteur, atterrissage au mieux. À peine nous roulions sur le plancher des vaches, que le moteur droit tousse et s'arrête net.

Durée du vol : 1 h pile. Nous l'avions échappée belle !

Alors pourquoi cette double panne ? Oh ! Presque rien, bien que le plein avait été fait et contrôlé, les moteurs manquaient de carburant.

Il faut chercher la cause bien avant, appareil nouveau, pilote pas encore au fait de la connaissance du matériel britannique et, surtout, conception assez originale, mais peu pratique de nos amis Anglais qui, je ne sais pour quelle raison, avaient installé les robinets d'intercommunications des réservoirs d'essence dans le dos du pilote. Or, il est extrêmement difficile de manipuler à l'aveugle ces foutues vannes de transvasement.

La cause de ce fâcheux ennui, qui aurait pu tourner à la catastrophe, se trouvait bien dans le dos du pilote. Outre une peur rétrospective, du moins pour l'équipage, et quelques jours d'arrêt pour le cocher, ce vol n'a pas marqué l'histoire.


Rolland CHEVALIER

Date de dernière mise à jour : 12/04/2020

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