Histoire d'antenne pendante

C’est en juillet 1949, qu’avec mes compagnons de la RN 11, à l’école de Pau Pont-Long, j’obtiens mon brevet de "Radio-télégraphiste de bord", titre officiel ou, plus communément, de "Radionavigant". Ma particularité : je suis le seul de ma promotion - et peut-être de toutes les promotions précédentes ou à venir ? - à avoir été breveté avec le grade de "Soldat de 2ème classe", d’où le surnom de Grand-Cucu qui me restera un moment.

À ma sortie de Pau, je suis affecté à l’ELA 43 de Bordeaux-Mérignac. Après quelques semaines d’un soi-disant stage de perfectionnement à Avord, je me présente à Mérignac.

Dans cette unité, la dotation en matériel aérien va de plusieurs Nord 1000 et Nord 1100, en passant par un Tigre mou, à quelques bimoteurs Caudron Goéland utilisés pour les déplacements du Général Chassin, Commandant de la 3ème Région Aérienne et patron des Écoles de l’Armée de l’air. Dans cette escadrille, nous n’étions que deux radionavigants ; les missions étant rares, je me retrouve affecté à l’atelier radio… Cependant, pour les quelques missions faites dans l’hexagone, en plus de ma documentation de vol, je dois voyager avec ma musette contenant gamelle, quart, cuillère et fourchette, car mon grade pose un problème de subsistance sur les bases aériennes. Fort heureusement, grâce au mécano-navigant sous-officier qui intercède en ma faveur auprès des gérants de mess, je pourrai prendre très souvent mes repas en sa compagnie. La situation de "radionavigant, soldat de 2ème classe (puis caporal) d’un Général", surtout de la qualité du Général Chassin n’était, en soi, pas très banale ! …

Enfin, au bout de quelques mois, je suis sur les ordres de vol pour une grande mission : une mission d’inspection du Général dans les différentes écoles stationnées au Maroc, c’est à dire Meknès et Marrakech pour les pilotes et Fez pour les radio-navigants. À Meknès, j’aurai le plaisir de retrouver Claude Lanssade - l’un de mes camarades de promotion - qui me fera visiter la ville. Au cours de notre sortie, ayant omis de saluer la patrouille en ville, laquelle circulait en GMC, nous avons été interpellés et sommés de grimper à bord de leur engin et voilà que nous nous retrouvons assis entre des légionnaires en armes ! Nous avons pris cela très à la légère, telle une bonne blague, en sorte que le chef de patrouille, quelque peu écœuré, nous invita, un peu plus loin, à descendre. Bien nous en fit, la soirée s’écoula calmement et nous dînâmes dans un restaurant de la ville.

La mission se poursuivit ensuite, sans avatar, par les escales de Fez et de Marrakech.

Le périple de notre Général se termina par une escale à Rabat-Salé où au cours de l’atterrissage, j’oubliai de remonter l’antenne pendante. À l’escale, je me dépannai et nous retraversâmes la Méditerranée pour rentrer au bercail.

Voilà que quelques jours plus tard, je fus convoqué au bureau du chef des OPS ; mon oubli, concernant l’antenne, avait provoqué un accident, et même un accident mortel : la mort d’un bourricot qui avait eu la malencontreuse idée de se trouver sur la trajectoire du plomb de mon antenne pendante... Plainte ayant été déposée, il fallut un responsable et… finalement, j’écopai de 8 jours de consigne … je venais d’être nommé caporal, sinon, pour un sergent, la punition aurait été de 8 jours d’arrêts simples ! … Et tout cela, à cause d’un bourricot qui s’était attardé en bout de piste pour regarder se poser les avions !

Pendant 8 jours, après la soupe, je me suis présenté au Poste de police de la Base, et j’ai passé 8 nuits consécutives en "Salle de Police".

Une semaine après cet événement j’étais muté au CIET de Toulouse-Francazal. Ouf !!!… et, à l’issue du "Stage de Qualification Transport" et ma nomination au grade de Sergent, j’intégrai, enfin, le corps des Sous-officiers.

Ensuite, j’allais connaître le plaisir de faire partie du GMMTA !


Pierre GRANDVALET
Brevet n° 1979 en 1949 à Pau                             

NDLR : Pierre Grandvalet, malgré ce départ difficile, terminera sa carrière, en qualité de "radio-navigateur" le 31 janvier 1965 au GLAM, avec le grade d’adjudant-chef.  Puis il entamera une seconde et belle carrière à Nord-Aviation puis chez Dassault, en qualité de cadre.  

Extrait du "Recueil de l’ADRAR" Tome 1

Date de dernière mise à jour : 09/04/2020

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