Crash en JVN

Les faits se déroulent à l'époque où l'ALAT, au 3ème RHC, la 5 EHA teste le vol avec jumelles à vision nocturne (JVN). Ces jumelles sont fixées sur le casque du pilote et lui permettent de voler à basse altitude de nuit, à 50 m du sol. Et par nuit noire, sans la luminosité des étoiles et avec un minimum de points lumineux. La lumière des villages, d'une ferme.

Jvn 1

La vision est presque comme en plein jour, mais teintée de vert et de noir. On distingue les contrastes, les champs, les forêts, les routes, mais on ne peut pas voir les lignes électriques, danger pour le vol à cette hauteur, ce vol tactique pratiqué à outrance et même plus bas par l'ALAT.

Tous les pilotes de la 5 ne sont pas qualifié JVN, mais ont pu découvrir dans une pièce sans lumière, absolument aucune, qu'ils peuvent voir les lignes de leurs mains et même lire un livre ou une revue comme en plein jour. C'est très bluffant. Ces jumelles amplifient la moindre lumière si minuscule soit-elle. Il faut aller au Luc-en-Provence pour être qualifié par des moniteurs de l'école.

Gazelle alat

À bord de cet appareil, 2 Cne qui ont chacun, 3.000 h de vol. L'après-midi a lieu pour ce genre de vol, une reconnaissance du trajet qui va donc s'effectuer à 50 m/sol. Le Cne cdt la 5ème EHA est CdB, l'autre est pilote.

La reco, pas de problème. Ils font une approche dans ce champs bordé d'une forêt. Un posé classique sur une grande étendue de champs. Sans problème. Pas de problème de lignes électriques, la navigation évite les plus grosses.

Pour être efficace ce type de vol de nuit s'effectue en nuit noire et non crépusculaire pour profiter des faibles lumières des villes et villages, souvent aux alentours de minuit.

Le vol de nuit débute donc vers 22 h et tout va bien. Puis l'approche sur la zone de poser arrive. Elle se déroule bien jusqu'à ce que le CdB, qui a la forêt sur sa gauche, dit à son pilote :

- « On est un peu près des arbres sur ma gauche, remet les gaz ! Ça va pas le faire ». Il n'y a aucune précipitation dans cette phrase.

Obéissant, le pilote remet les gaz hors effet de sol. L'hélico n'est pas arrêté et a une très, très faible vitesse.

À 25 m de hauteur, les pales du rotor qui tourne à 387 t/mn, touchent les arbres, 25 m confirmés par les traces des plus bas impacts sur ces pins !

L'hélico pivote sur lui-même et s'écrase tête en bas. Le pas des pales est très faible ce qui provoque certes l'écrasement au sol mais le moins brutal possible. La vitesse quasiment nulle. L'appareil a décollé en pesant 1.900 kg.

Le premier réflexe du CdB est d'actionner le robinet coupe-feu qui stoppe l'arrivée de carburant dans la chambre de combustion du moteur pour éviter la flamme qui va mettre le feu au carburant ! Il tend sa main droite pour atteindre cette petite manette ne la trouve pas et sent de l'herbe sur le plafond, donc de l'hélico.

Prestement, les 2 pilotes quittent ce qui reste de l'appareil. Ils s'époussettent tous les deux, enlèvent leur casque de vol. Pas de mal, INCROYABLE !!

Ils ne s'y attendaient pas du tout.

Le CdB dit qu'il va aller prévenir le régiment en allant à la ferme là-bas où il y a de la lumière, et demande à son pilote de sortir tout ce qu'il peut de la machine. Ils n'en reviennent toujours pas et ce dernier commence à extraire leurs affaires : casques, cartes, sac de casques, le blouson de vol du pilote, autres documents, tranquillement, quoique, ça sent le carburant.

À peine avait-il tout enlevé, et porté ceci à une vingtaine de mètres de l'appareil, que l'hélico prend feu ! Un brasier extrêmement soudain et imprévu. Le pilote y voit comme en plein jour ! Les 250 ou 300 litres restant dans le réservoir de la Gazelle prennent feu.

Là aussi, les gens de la ferme d'à côté qui ont entendu l'hélico faire son approche, ont entendu le crash, et sont extrêmement surpris de voir le CdB arriver et demander à téléphoner, mais aussi de voir le brasier de l'hélico en feu.

Le CdB revient à fond vers la machine et retrouve son pilote, Ouf. Il était loin de l'appareil lorsqu'il s'est enflammé.

Là aussi, les gendarmes arrivent, avec tout leur "pataquès" et les pompiers prévenus aussi. Plus de peur que de mal.

Le lendemain, les 2 pilotes, ayant très peu dormi, se sont rendu sur les lieux de l'accident. Ils ont vu les restes de la Gazelle brulée, calcinée, et en sont encore peut-être à se demander comment ils ont fait pour s'en sortir.

La suite n'est que compte-rendu d'accident. De perte de matériel dans l'hélico (vous ne pouvez pas savoir tout ce qu'il y avait dans cette machine, tout ce que les gens de l'escadrille avaient perdus était dans cet hélico…). Rencontre avec les gens de la sécurité des vols, et débriefings aux autres équipages JVN sur cet évènement.

- Le CdB a écopé de 25 points négatifs pour "destruction d'appareil"... mais cela ne l'a pas empêché de devenir général.
- Le pilote d'une dizaine, pour "faute de pilotage ayant entrainé la perte d'un appareil".

 

Denis ROCHARD

Date de dernière mise à jour : 15/04/2020

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