Chouette parmi les hiboux

C'est ainsi que Christine a été accueillie par les membres du CEP (Centre d'Ex­ploitation Postale) ! Ayant trouvé l'expression jolie, elle l'a reprise en titre d'un émouvant récit traduisant bien l'ambiance de la Postale en relatant son premier vol en tant que Commandant de Bord au CEP, sur Fokker 27. 

En mars 1985, j'avais été lâchée, en tant qu'officier pilote de ligne, sur Fokker 27 et c'était mon premier avion à Air France. Trois ans plus tard, j'ai eu la chance de me faire bi-qualifier sur C-160 Transall. Au total, six années de Postale de Nuit inoubliables.

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"Transall" de la Postale

Puis, j'ai exploré le vaste monde grâce au Boeing 747 et au long-courrier et me suis faite lâcher en tant que Commandant de Bord sur Airbus A320.

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Fokker 27 de la Postale (JetPhotos.net)

Quatre ans après, j'ai appris qu'il y avait des qualifications F-27. J'ai sauté sur l'occasion, sachant en outre que nos bons vieux bi-turbopropulseurs atteignaient la limite d'âge. Et c'est ainsi, qu'après un stage de qualification de type à Pau, qui m'a rappelé mes débuts et une adaptation en ligne sur le nouveau réseau, j'ai été lâchée Commandant de Bord sur F-27. Il semblerait qu'aucune femme auparavant n'ait occupé ce poste. Cela m'a valu chaleureux télégramme de félicitations de Commandement de la Postale, avec en mention :

- « Ah ! si Daurat, Mermoz et Vanier avaient su... ».

Donc, le 8 juillet 1998, je suis allée en mise en place à Nice pour mon premier vol en fonction. J'ai retrouvé, aux Opérations, les chefs avions de Nice qui m'ont réservé un accueil chaleureux.

Première étape Nice-Marseille. Qu'il est agréable de voler sans passagers ! Seul le doux ronronnement des Dart 7 rompait la douce quiétude de la nuit. Je pensais à Saint Exupéry et à son "Vol de nuit", contemplant les étoiles au ciel et les lumières des villes au sol.

À Lyon, j'ai retrouvé avec plaisir toute l'équipe au sol de la Postale, ainsi que les deux autres équipages en provenance de Bordeaux et Toulouse. Nous avons évoqué le passé avec un peu de nostalgie. Puis nous sommes repartis sur Marseille. Comme d'habitude, les horaires furent respectés, le vol de nuit offrant, entre autres, l'avantage de ne pas subir les créneaux qui perturbent le trafic aérien régulier de jour. Et, pour finir, quatrième étape Marseille-Nice.

J'ai eu la chance d'avoir du très beau temps pour ce premier vol, ce qui m'a permis de bien prendre mes marques dans l'avion, j'ai souri de l'étonnement des postiers, à toutes les escales, qui n'avaient jamais vu de femme Commandant de Bord, mais qui semblaient ravis.

J'ai apprécié l'ambiance feutrée de la nuit, avec le calme sur les ondes radio, la convivialité qui règne à chaque escale (nous ne portons pas de galons et pour­tant le travail de chargement, par exemple, est rigoureusement effectué), la beauté des paysages nocturnes, la ponctualité, le casse-croûte à l'arrivée, l'absence de réveil le matin (clin d'oeil au moyen-courrier) et surtout ces bons vieux Fokker, si rustiques et pourtant si solides et fiables..., presque humains.

Merci à tous - anciens et nouveaux - pour votre accueil au Centre d'Exploitation Postale.

 
Christine HEITZ

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La "Captain" Heitz sur "Airbus"

 

 

Extrait de : "Des histoires de l’air" de Jean Belotti (Éditions Vario - 2011)

Date de dernière mise à jour : 09/04/2020

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