Les C-135 : nos amis les lourds

Sans les ravitailleurs (tanker en anglais, ça fait plus pro) C-135F, puis C-135FR (pour remotorisé), qu’on a affublé parfois de noms un peu bizarres (péniche, citerne, lourd, nounou, station-service…), rien n’aurait été possible en OPEX (opérations extérieures). Il m’a semblé que la moindre des choses était de leur consacrer un article.

Le ravitaillement proprement dit a toujours constitué une partie difficile de la mission, que ce soit au niveau de la rejointe ou de la prise de carburant, et je ne connais pas de pilote qui y soit allé sans une petite appréhension. On ne savait jamais ce qu’on allait trouver comme conditions et dans un air turbulent le panier pouvait faire des bonds de 2 m de part et d’autre de sa position normale.

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C-135F et F-100

Puisqu’on était indissociables, évidemment ça crée des liens et nos relations étaient excellentes et même parfois emprises de reconnaissance. Nombre de pilotes seraient rentrés à pied sans le pétrole livré par les tankers. J’en connais un (mais ça ne doit pas être le seul) qui a pris plus de pétrole que le Jaguar ne pouvait en contenir ; on consommait pendant la phase de ravitaillement certes, notamment à cause de l’utilisation de la “PC modulée” (spécialité du Jaguar), mais ça ne faisait quand même pas beaucoup de réserve au moment de la rejointe.

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C-135FR et "Jaguar"

On avait au moins un point commun : on ne pouvait pas dire que nos avions étaient sur-motorisés (pour les C-135F) et je me souviens de décollage épiques : des temps de roulage sur la piste supérieurs à 2 mn et par exemple, lors de mon premier convoyage pour aller de N’Djamena à Dakar, au milieu de l’après-midi, c’est à dire au moment le plus chaud (donc à la poussée moindre), j’ai vu disparaitre le C-135F derrière l’antenne ILS, et puis après une éternité, soulagé, voir apparaître juste au-dessus de l’horizon, les 4 trainées de fumée des moteurs.

Les anecdotes relatant ce qui se passait parfois pendant ces phases de ravitaillement sont nombreuses et peut être que certains prendront le temps d’en écrire quelques unes. [...]


André CARBON



C'est certainement la première fois qu'un pilote de chasse rend un tel hommage au travail des équipages de C-135. En ayant fait partie, cela me va droit au cœur. Merci André !
Jean HOUBEN

 

Date de dernière mise à jour : 10/04/2020

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