Brèves de radio

Lorsqu’on navigue en très basse altitude en France, il existe une procédure radio qui permet d’éviter bon nombre de collisions. Ça s’appelle « l’auto information ».

Pour rester simple, chaque patrouille annonce sur une fréquence commune sa position et sa destination, afin que ceux qui ont une direction conflictuelle puissent remédier au problème.

Ce système est relativement efficace. Cependant, le fait de se retrouver de manière anonyme sur une fréquence commune ouvre la porte à de nombreuses plaisanteries.

D’autre part, il faut expliquer que le dialogue interne à la patrouille s’effectuer d’ordinaire sur une fréquence ‘privée’, mais qu’il suffit que le pilote se soit trompé de bouton d’émission pour que ses messages personnels soient entendus de tous.

 

Quelque part dans le Morvan, on entend une petite voix :

- Deux Mirage, Coca Delta, Auxerre vers Chalon, cap 330°.

Pour agacer, un plaisantin demande :

- Chalon sur Marne ou Chalon sur Saône ?

Pas de réponse…

Une troisième voix intervient alors :

- Peut-être Chalon de Provence ?

Le plaisantin rajoute :

- Si oui, t'es pas au bon cap...

 

Une autre, dans le Massif Central, émanant visiblement d’un jeune pilote en instruction :

- Leader, je suis complètement perdu, là !

Réponse, de la voix rocailleuse d’un vieux briscard :

- Tu vois la montagne pointue à ta droite, avec la grande antenne ?

- Affirmatif !

- Ça te rappelle pas le Puy de Dôme ?

- Peut-être…

Une autre voix :

- Si c'est la tour Eiffel, t'es vraiment largué...

 

L’auto-information sert également à passer des informations diverses, sur la météo, les vols d'oiseaux migrateurs, etc.

Une patrouille annonce :

- Pour information, nous venons de croiser un gros vol de grues au-dessus de Langon.

Quelques secondes passent… avant qu'une autre patrouille ne réagisse :

- Merci vieux, mais laisse voler les oiseaux, parce qu’on vient de se croiser à 20 mètres !

 

Un jeune pilote, un peu affolé :

- Ici un Mirage III, Condé 84. J’ai un ‘dur’ au manche et un ‘mou’ au milieu…

Narquois :

- Hé ben ! T’iras expliquer ça à M’sieur Dassault !

 

Appui feu

Il existait un exercice très prisé du haut commandement qui consistait à faire des attaques en collaboration avec des gens de l’armée de terre. Ceux-ci devaient décrire la position de divers objectifs positionnés dans la campagne (camions ou autres) et devaient ensuite guider les avions vers eux afin de simuler une attaque (canon ou roquette).

Parlant souvent pour la première fois dans un micro et n’utilisant pas un vocabulaire vraiment aéronautique, certaines situations étaient très loufoques.

En voici quelques extraits :

 

- Le camion est derrière l'arbre ‘en boule’.

- Merci vieux, mais d'ici, on en voit mille... des arbres ‘en boule’.

 

- Visez à droite de la maison au toit rouge !

- OK, celle qui a une cheminée et une antenne de télé ?

- Affirmatif !

- Ouarf !

 

- Le char est dans vos midi... mais il s'est déplacé depuis.

- C'était l'heure de la soupe ?

 

- Vous êtes sûr que vous avez la bonne carte ?

- Et vous, vous êtes sûr que vous tenez le compas à l’endroit ?

 

- Piquez, piquez, piquez !

- Vous voulez les commandes ?

 

- Si vous voyez la voiture jaune du facteur, le char est 100 m derrière !

- Je vous prends le courrier au passage ?

 

- Je vous vois, je vous vois, je vous vois !

- Ça va, ça va ! On peut se tutoyer maintenant…

 

Il y avait également certaines descriptions qui valaient leur pesant d’or :

 

- Vous ne pouvez pas le louper : le camion est derrière l’arbre en peigne.

- Et la shampouineuse est blonde ?

 

- Le char est panneauté rouge, à la lisière du bois vert et à côté du champ jaune…

- Charly, dis-lui que je suis daltonien...

 

- Le char se déplace vers le Sud... non, vers le Nord... ou non, plutôt vers l'Est.

- Écoute l'ami. Regarde tes rangers et dis-moi si les talons sont bien à l'arrière !

 

Etc., etc.

J'en oublie bien d'autres, mais on a bien rigolé.


Christian SEYSSET

Date de dernière mise à jour : 11/03/2022

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