Permanence opérationnelle en F-100

1967

Ce dimanche après-midi à Bremgarten, je tiens une de mes premières permanences opérationnelles. La journée est belle, la télévision en noir et blanc et les bouquins nous aident à passer le temps. Klaxon, lumière verte : décollage immédiat pour un vol d’entraînement.

Après l’identification visuelle d’un ou deux avions quelque part au-dessus de l’Allemagne, c’est le retour à la base. C’est l’été, deux cultivateurs ramassent les foins entre la piste et les chemins de roulement. En vent arrière je note le mouvement de l’un deux qui, avec son tracteur et sa remorque déjà bien chargée, se dirige vers la piste pour la traverser perpendiculairement. 

Pendant le dernier virage je note qu’il s’arrête à une cinquantaine de mètres du béton, et je l’oublie pour me concentrer sur l’atterrissage. Soudain, tout en peaufinant la pente et la vitesse, je note des panaches de fumée noire qui s’échappent du tracteur. Je pense qu’il m’a vu, qu’il s’en va, et je continue la finale. Il m’a fallu quelques secondes pour prendre conscience que, loin de faire demi-tour, le cultivateur se préparait à traverser la piste. 

Pleins pots en courte finale. L’avion continue un peu sur sa trajectoire descendante et le tracteur arrive sur le béton.

C’est passé tout juste. La tour a vu du foin s’envoler de la remorque.

Au debriefing, les copains ont bien ri, en pensant au dessin de Marcel Jeanjean dans lequel le pilote explique :

- « C’est c’t’idiot là qui s’est jeté sur moi à toute vitesse avec sa charrue pendant que j’atterrissais »

pour illustrer la collision entre une charrue tirée par des bœufs et un avion à l’atterrissage.

Le cultivateur a été privé du ramassage des foins cette année là.


Denis TURINA

Date de dernière mise à jour : 30/03/2020

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